Homélie du 15ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 3 juillet 2015Appelés et envoyés
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“Nul n’est prophète dans son pays”. Jésus a donc quitté la synagogue de son village. Quelques siècles plus tôt, le prophète Amos avait été chassé de son pays et de son temps. Vingt siècles plus tard, de nombreux chrétiens doivent quitter leur région parce qu’ils y sont persécutés, ou simplement parce qu’à cause de leur foi, ils ne peuvent trouver du travail.
La première lecture nous parle du prophète Amos. Il n’est pas le bienvenu dans le sanctuaire de Béthel. Ses paroles sur le droit et la justice dérangent les affaires du prêtre Amazias. Quand on dénonce des “magouilles”, il faut s’attendre à des représailles. Amazias voudrait neutraliser Amos et le renvoyer d’où il vient. Mais Amos lui répond que c’est Dieu qui l’a appelé et envoyé. En écoutant cette lecture, nous nous disons qu’il faudrait aujourd’hui des prophètes comme Amos. Ils auraient beaucoup à dire contre tous ces politiques véreux, ces commerçants tricheurs, ces juges achetés. Notre pape François a des paroles très fortes pour dénoncer tout ce qui détruit l’homme. La Parole de Dieu passe avant tout. Elle ne peut être enchaînée par aucun ordre établi, aucune politique. Dieu ne peut supporter de voir ses enfants souffrir des injustices, de la violence et de l’intolérance.
L’apôtre Paul a lui aussi été saisi par le Seigneur pour annoncer l’Évangile. Aujourd’hui, il rend grâce au Seigneur pour le chemin parcouru. Toute sa vie et tout son être sont vraiment imprégnés de cet amour qui est en Jésus. Cette lecture est un hymne au Christ qui nous a comblés de ses bénédictions. Il nous a obtenu le pardon des péchés. Il nous a dévoilé le mystère de la foi. Il nous a donné la sagesse et l’intelligence pour le comprendre. Il nous a donné l’Église pour garder le message et guider notre marche. Cet hymne s’adresse aussi à nous aujourd’hui pour nous aider à aimer le Christ et l’Église. Le Christ est là au cœur de nos vies. Il ne cesse de nous envoyer pour être témoins de son amour.
Dans l’Évangile, nous lisons que Jésus envoie ses disciples deux par deux sur les routes du monde. Ils doivent partir avec un minimum d’équipement. Il est inutile de s’encombrer de choses secondaires. Le vrai missionnaire doit s’attacher à l’essentiel. Rien pour séduire, rien pour attirer, simplement aller à la rencontre des gens pour annoncer la bonne nouvelle, et surtout ne jamais oublier que le Seigneur se sert de ce qui est faible pour réaliser des merveilles.
L’envoi des Douze par Jésus n’est pas seulement l’envoi des apôtres. Le chiffre 12, nombre des apôtres choisis par Jésus, évoque les douze tribus d’Israël. C’est donc le peuple de Dieu tout entier. A travers les Douze, c’est toute l’Église que Jésus envoie en mission. Nous sommes tous concernés. Et pour comprendre ce que le Seigneur attend de nous, il nous faut revenir à l’Évangile : “Etant partis, ils prêchèrent qu’il fallait se convertir, et ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile sur les malades et les guérissaient” (Marc 6/12-13).
Prêcher qu’il faut se convertir, ce n’est pas seulement faire des sermons, c’est profiter de toutes les occasions pour annoncer l’Évangile. Cette annonce se fait d’abord par le témoignage d’une vie évangélique. Si notre vie n’est pas en accord avec ce que nous voulons annoncer, c’est un mensonge. Bien sûr, la Parole sera toujours nécessaire. Mais elle ne sera pas nécessairement la vocation de tous. Par contre, tous les chrétiens sont appelés à donner le témoignage d’une vie en accord avec l’Évangile. S’ils appellent à la conversion, ils doivent commencer par eux-mêmes. Tout cela se trouve résumé dans cette parole de Jésus : “Convertissez-vous et croyez à ‘Évangile” (Marc 1/5)
“Chasser les démons…” Nous pensons aux exorcistes qui ont reçu cette mission. Jésus est venu vaincre les puissances du mal. Mais il ne veut pas le faire sans nous. Il veut nous associer à son combat contre le mal. Il met en nous sa puissance d’Amour, sa puissance de sainteté. Il nous envoie pour lutter avec lui contre tout ce qui empêche l’homme d’être à l’image de Dieu.
Faire des onctions d’huile sur les malades pour les guérir… Nous pensons bien sûr à l’huile du sacrement des malades. Dans ce cas, c’est le prêtre qui est appelé. Mais nous ne devons pas oublier que cet appel à entourer les malades s’adresse à tous les baptisés. Il s’agit d’être là auprès de celui qui souffre, prendre le temps de l’écouter et de le réconforter. Si nous allons vers eux avec Jésus et Marie, nos visites deviennent des visitations. Tous ne sont pas guéris physiquement, mais quand on est rempli de l’amour qui est en Dieu, ça change tout.
En ce jour, Seigneur, tu veux nous ramener à l’essentiel. Libère nous de tout ce qui nous encombre. Que la force de ta parole et le souffle de ton Esprit nous rendent disponibles pour être les témoins et les messagers de ton message d’amour et de réconciliation.
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Sources : revues Signes et Feu Nouveau – Au service de la Parole (Bernard Prévost) – Lectures d’Évangile d’un vieux prêtre de Montpellier – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot) – Homélies Année B (A. Brunot) – Homélies du dimanche (Mgr Léon soulier) – Homélies de l’année liturgique B (S. Faivre).
J’ai lu et relu les textes de ce 15ème dimanche, lu et relu votre si belle, si claire homélie, cher Jean, que je ne sais quoi y rajouter. Je suis tellement d’accord avec ce que vous dites.
La semaine dernière, Jésus était mal accueilli dans son pays; il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. Il était fiché, catalogué; ils n’ont pas vu en Lui, Celui qu’avaient annoncé les prophètes.
De tout temps, les prophètes ont été mal accueillis, ils dérangeaient; c’étaient des gêneurs, ils dénonçaient la corruption, l’idolâtrie, la fornication…Certains ont été obligés de fuir, tel Élie, d’autres l’ont payé de leur vie, comme Jean le baptiste… Ils auraient fort à faire aujourd’hui, vous le dites si bien; tous ces profiteurs, ces sangsues du pauvre monde; ces donneurs de leçons; ces hypocrites qui viennent chanter pour les restos du coeur et qui planquent leur magot à l’étranger !
Heureusement que le psaume 84 nous réconforte : “amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent”… quant à la belle lettre de Paul aux éphésiens, une pure merveille, un chant d’amour, une espérance folle : “en Lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence”. Quelle promesse ! Un vrai bain de jouvence, on se sent baigné d’amour.
Dans l’Évangile, Marc nous dit que Jésus appelle les Douze et commence à les envoyer deux par deux. Sage précaution. Comme dit l’Ecclésiaste : “Deux valent mieux qu’un, parce qu’ils retirent un bon salaire de leur travail. Car s’ils tombent, l’un relève l’autre…et si quelqu’un est plus plus fort qu’un seul, les deux peuvent lui résister”…
Comme Il a envoyé ses disciples pour annoncer la Bonne Nouvelle, soigner, chasser les démons… Cette mission s’adresse aussi à nous aujourd’hui pas en (solo) mais en Eglise; soigner, ça, on peut; mais chasser les démons ? peut-être en étant à l’écoute de ceux qui portent un lourd fardeau, repli sur eux-mêmes, éloignés des sacrements, n’espérant plus rien de la vie, malade immobilisé dans un fauteuil. Savoir qu’on n’est pas seul, que le Seigneur sera toujours à nos côtés, que si on tombe, Il est là pour nous relever.
Félicitations Marie-Jeanne, votre message ressemble beaucoup à une homélie et je suis impressionnée par sa profondeur. Si ce n’est pas trop indiscret, faites-vous partie d’une congrégation religieuse ?
Efforçons-nous de regarder Jésus et non notre petite personne. Ainsi nous lui ressemblerons un peu.
Seigneur, lorsque je dis mon chapelet, je me rapproche vraiment de l’essentiel. La prière est, à mon avis, curative et cicatrisante. Je ne peux pas passer un jour sans ce coeur-à-coeur avec Jésus ou Marie.
Chère Christiane, je vous remercie pour votre message, c’est très aimable de votre part. Je ne fais pas partie d’une congrégation, mais je fais partie d’équipes liturgiques depuis de très nombreuses années. J’ai même animé des A.D.A.P.et pendant plus de 22 ans j’ai célébré des funérailles; je commence à lever le pied, ça devient maintenant trop lourd. Je me consacre davantage à la liturgie.
J’apprécie beaucoup vos commentaires qui sont simples mais profonds, il y a beaucoup de fraîcheur, de spontanéité, continuez comme vous le faites, c’est très beau. Je vous admire pour votre fidèlité au chapelet et à la ferveur que vous avez pour Marie.
Continuez à écrire, même quelques lignes, ne serait-ce que pour Jean qui se donne tant de
mal pour nous envoyer ses si belles homélies.
En union de prières et bien fraternellement,
Marie Jeanne